Il m’arrive de choisir mes livres en fonction du lieu où se déroule l’action et comme depuis plusieurs années, ma passion pour la Russie s’est déportée vers l’Asie centrale, cette trilogie mongole était pour moi !
Yeruldelgger en est le premier volet. Un pavé tout de même alors la suite ce sera pour plus tard.
Voici donc un polar se déroulant dans la Mongolie d’aujourd’hui, c’est peut-être un peu trop occidental par certains côtés et parfois limite caricatural dans le côté borderline mais finalement, tous les héros de polar sont à deux doigts de franchir la ligne jaune … ou la franchissent carrément, même dans la vraie vie alors je ne boude pas le plaisir que j’ai eu à me laisser embarquer dans cette histoire tout à tour charnelle et spirituelle (mystique même).
Yeruldegger est un policier en colère permanente. La mort de sa petite fille a brisé sa famille et lorsqu’il est appelé par des nomades, en pleine steppe mongole pour découvrir les restes d’une petite fille à peine enterrée avec son tricycle, toute cette violence contenue ressort. En même temps, Oyun, sa coéquipière fait face à un quintuple meurtre : 3 chinois émasculés et deux prostituées, le décor est planté, ce sera âpre et rude.
La Mongolie et ses grands espaces fascinants, ses traditions, sa culture parfois sauvage, ses rites ancestraux, ses croyances, cette alternance de sagesse et de rage, Ian Mannok soigne son récit et ses personnages.
La Mongolie est d’ailleurs un personnage à part entière et ce pays n’est pas à un paradoxe près. Coincé entre la Russie et la Chine et la Corée, sa géopolitique est passionnante. Oulan-Bator, sa capitale polluée, surpeuplée, insécure et corrompue, multiculturelle, à quelques encablures des steppes sauvages est une ville où modernité et coutumes ancestrales cohabitent tant bien que mal.
L’auteur en donne une vision qui n’est jamais complaisante et encore moins idéalisée et j’ai plus que jamais envie de découvrir ce pays qui lutte entre capitalisme et modernité. Je suis même prête pour le thé au beurre salé rance ou le lait de jument fermenté !!
Côté enquête, c’est enlevé, parfois attendu mais on s’en moque car le voyage est fascinant ! Maintenant, j’espère juste que Ian Manook reviendra au salon « Un aller retour dans le noir » !!