Jeunesse fantôme
Marcus a onze ans, il n’a jamais su qui était son père, mais sa mère qui l’élève seule lui a promis qu’elle le lui révélerait le jour de ses douze ans. Partie chercher une pizza qu’ils dégusteraient tout les deux devant la télévision, sa voiture glisse sur une plaque de verglas et elle ne reviendra jamais. Marcus est alors placé chez Charlotte la tante de sa mère, seule famille qui lui reste. Charlotte, artiste peintre et femme solitaire vit sur petite île de Caroline du Sud. Le jeune orphelin à l’âme meurtrie et la célibataire bourrue et bohème vont apprendre à se connaître et s’apprivoiser. Marcus va découvrir au nord de la petite île la villa chagrin qui tombe en ruine, abandonnée depuis la disparition de ses habitants dans l’ouragan Haze qui a balayé la petite île il y a 50 ans. Cette maison et ses fantômes fascinent Marcus …
Roman initiatique
« Villa Chagrin » est un livre entêtant, envoûtant qui bouscule les genres. Roman initiatique fleurant avec le fantastique, ce livre immerge le lecteur dans une atmosphère bien singulière. Certains passages sont comme la peinture d’une toile impressionniste, d’autres prennent des allures de polars. Gail Godwin explore des thèmes comme la fragilité de l’enfance, le deuil et le rapport que nous entretenons avec les morts. De prime abord le sujet peut sembler triste mais c’est plutôt nostalgique, un récit d’apprentissage à la fois doux et cruel, abordé avec une infinie tendresse
Cette histoire ne dure que le temps d’un été. Un été rythmé par les marées, la préservation de la nature (les tortues Cacouannes qui reviennent chaque été pondre sur la plage de cette île selon un rituel immuable depuis l’origine des temps) et les rencontres de Marcus avec les quelques habitants de l’île.
Le style est délicat et gracieux, c’est un très beau roman mélancolique, tout en retenue, une bouleversante histoire de résilience et il y a des accents de Charles Dickens dans ce magnifique récit initiatique, sensuel et poétique.