Aspirations et réalité
J’ai été de celles qui recensaient les gestes à faire pour être plus écolo, plus durable. Je me suis ensuite auto-proclamée éco-responsable. Tout était dans le terme mais aujourd’hui où en suis-je ? Il a suffit d’une remarque envoyée par erreur à une influence pour que je me mettre à écrire ce post.
Cette influenceuse distille avec humour et dans une mise en scène joliment esthétique des idées de look (45+) à grand renfort de collaborations commerciales. De la part d’une personne qui vente par ailleurs ses principes éco-responsables (pas d’avion, les haies pour les oiseaux, on ne tond pas pour préserver la biodiversité, la vie en plein air …) j’ai déploré cette débauche de fringues et autres produits de beauté. Sans autre forme de procès, elle m’a grosso-modo dit que ma vie devait être bien triste pour juger les autres gratuitement et m’a blacklistée. Ce non-événement m’a quand même poussée à réfléchir.
Le constat est amer. J’ai publié des articles au moment de la COP21, remplie d’espoirs … j’ai même pensé ouvrir un compte IG dédié à l’écologie (ouf, j’ai vite changé d’avis) et puis je n’ai plus rien écrit et j’ai continué à agir, peu ou prou.
Aujourd’hui je suis lasse des injonctions et des cases dans lesquelles on voudrait enfermer chaque citoyen. Je jette un regard bien plus critique sur ceux qui nous gouvernent (l’état, les communes) et les grosses entreprises qui pèsent bien plus lourd que nous tous dans la balance. Nous, ce sont les simples citoyens que l’on fait culpabiliser à longueur d’informations.
Vous me direz que ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Vrai. Mais être écologiquement parfait ce n’est pas possible.
Fais par çi, fais pas ça !
Ok, j’ai une gourde mais si c’est pour la changer tous les ans ou en avoir plusieurs ça ne sert à rien. Pire, il m’arrive de l’oublier et d’acheter un bouteille d’eau minérale. Qu’on me lapide !
Ok, j’achète en vrac mais parfois pour ma pause déjeuner je me rue sur les bowls tout prêts estampés « moins de déchets » car les couverts ne sont plus fournis mais dont le contenant reste en plastique.
Ok, je prends des douches trop longues, je ne fabrique pas ma lessive, j’achète local mais de temps en temps j’ai envie d’un avocat ou de bananes, je n’utilise pas de shampoing solide, je ne me lave pas les dents au savon de Marseille (à ce sujet, vous avez essayé ?) …
Ok, j’ai un blog, un compte IG, j’achète du stockage sur le cloud, je garde mes mails … bref, je contribue au réchauffement climatique via les datacenters, je suis loin d’être irréprochable.
L’humaine et imparfaite
Et puis j’oubliais, il y a Yuka et le scan diabolique. Niveau cosmétique, je traque les mauvais composants mais je trouve beaucoup de produits bio inefficaces alors je vise au plus clean sans virer à l’extrême.
Et côté alimentaire c’est la cata. J’adore le beurre, le fromage et même rarement je mange de la viande… c’est encore trop ! Ajoutez à cela que je bois trois cafés par jour, ça y est, je suis blâmable … n’en jetez plus !!
A mon crédit, je ne fais quasiment plus de shopping et je suis vigilante sur la qualité de ce que je m’offre, préférant moins mais mieux ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses, qu’on se le dise (les grandes chaînes vestimentaires ont encore de beaux jours devant elles !!)
Au bureau, je vois bien que c’est compliqué. Les gobelets jetables ne peuvent pas disparaître même s’ils sont en cartons, on imprime de moins en moins mais c’est toujours trop, on recycle pas ou peu car ça coûte trop cher et que cela requiert une organisation qui sans une volonté féroce de la direction ne sera jamais mise en place.
Et le bilan carbone, on en parle ?
Et pour couronner le tout, je viens de faire mon bilan écologique et je pleure. A cause du résultat … et des questions.
A la question êtes vous zéro déchets, je réponds Oui et on me rétorque que zéro déchet c’est absolument aucun emballage, quelle pression, au secours !! Je travaille dans le Gers, au fin fond d’une campagne, je roule au diésel (qu’on me paye une voiture électrique, je ne pourrai même pas la recharger), il n’y a pas de pistes cyclable et jamais, mais jamais, je compenserai cela le week-end en ne touchant plus mon véhicule ou en roulant moins vite sur l’autoroute.
Et M….
Alors voilà, je suis simplement humaine, parfaitement imparfaite, je fais ma part, je pourrais certainement mieux faire, on pourrait tous mieux faire mais aujourd’hui j’ai envie de dire « fuck » aux écolos bien pensants donneurs de leçons à longueur de journée, il vaut mieux accompagner et féliciter les petits pas de chacun plutôt que de nous assommer d’injonctions.
Alors Elisa, merci de m’avoir poussée à écrire ce billet et non, je ne juge pas gratuitement. je réfléchis … certes avec un peu de décalage, nul n’est parfaite, ni vous, ni moi 😉 !!