Encore un livre qui était dans ma PAL depuis quelques mois, un livre qui attendait que je sois dans le bon état d’esprit pour le lire, un livre que j’ai ouvert … avec méfiance.
J’avais peur que le sujet ne me mette mal à l’aise ; d’une part l’inquiétude quant au fait de me trouver dans la peau d’un voyeur vis-à-vis de la famille de Delphine de Vigan et d’autre part la crainte des souvenirs personnels qu’il pouvait faire remonter de ma propre mémoire. Ajoutez à cela que j’avais lu tellement de critiques que je craignais que la déception soit à la hauteur de mes attentes.
Le sujet : Delphine de Vigan brosse le portait de sa mère et de sa famille, remontant le temps sur trois générations au travers des souvenirs recueillis auprès des frères et sœur de cette mère qu’elle a découverte morte suicidée.
Delphine de Vigan mêle ses propres souvenirs à ceux de sa mère et de sa grand-mère. Une famille nombreuse, riche en personnalités au milieu de laquelle se dresse Lucile. L’auteure évite avec habileté le grand déballage et il se dégage de cette écriture beaucoup de pudeur, de sincérité et de simplicité. Cela ne se résume donc pas à une quête des souvenirs familiaux, mais plutôt un à un besoin impérieux de comprendre, de déculpabiliser, de pardonner.
Au fil de ma lecture, je ne sais combien de fois j’ai refermé le livre, peut-être inconsciemment pour faire une pause, mais surtout pour admirer la femme de la couverture. J’ai supposé que Lucile c’était elle, un petit côté Jeanne Moreau, à la fois de la fragilité et une forte personnalité, en tout cas beaucoup de mystère dans cette image.
C’est cette même incompréhension qui m’a saisie pendant toute la lecture de ce livre. Comment autant de drames sont ils possibles pour une même famille ? Comment peut-on se relever et continuer à vivre en tant que parent et en tant qu’enfant comment grandir dans un univers aussi meurtri ? Même les passages les plus gais le sont avec une ombre de lendemain sombre, il y a une côté infernal dans cette histoire.
J’ai terminé ce livre il y a plus d’une semaine maintenant et j’éprouve toujours du mal à en parler, à trouver les mots justes pour vous encourager à le lire car c’est indéniablement un très beau livre, bouleversant et sans doute le plus abouti de l’auteure.