Pilleur des montagnes


Profitant d’une journée de congé, et d’un temps radieux, M-Chéri qui arpente régulièrement les montagnes de notre vallée a décidé de m’emmener voir un champ d’edelweiss. Nous voilà donc partis aux aurores, sans oublier mon appareil photos.

Cela valait la peine de se lever tôt, la lumière est merveilleuse, le soleil perce délicatement à travers le feuillage des arbres, l’herbe encore humide de la nuit et le thym citronné que nous foulons sans nous en rendre compte sent divinement bon. L’ascension est relativement aisée. A peine une petite heure de marche a promis M-Chéri. Le chemin se perd au milieu des branchages et des ronces mais peu importe, la vue qui nous attend au détour de la clairière  vaut bien quelques griffures.

Nous arrivons au pied du pré aux Edelweiss, il va falloir grimper davantage. Au loin, nous devinons deux silhouettes et M-Chéri me précise que c’est là-bas que nous devons aller. Nous entamons la montée d’un pas alerte, le versant est ombragé, il fait bon. Arrivés sur la crête, le panorama est fantastique et nous avons croisé quelques édelweiss. Marcher sur la crête nous prends un temps fou, je m’arrête tous les deux mètres et je ne me lasse pas de photographier les fleurs.

Et nous voilà arrivé à l’endroit promis. Et là, surprise, je découvre que les deux silhouettes aperçues de loin sont en fait trois randonneurs, sac au dos et bâton piolet à la main. Alors que nous nous approchons, je découvre que leurs sacs à dos, sont en fait débordants d’Edelweiss. Nous ne sommes pas dans le parc national des Pyrénées, la cueillette est donc autorisée, dans la limite du raisonnable. « Le raisonnable », comment se quantifie t-il ? Rien de me semble raisonnable dans le comportement de ces trois messieurs. Arrivée à leur hauteur, je ne peux m’empêcher de leur faire remarquer que c’est une honte de piller ainsi la montagne. Voilà t’il pas que je me fais remballer et traiter d’étrangère. Pour sûr, je ne suis pas née ici mais j’y vis depuis plus de 30 ans et je sais que la montagne ça se respecte et que ça se mérite. M-Chéri s’en mêle, les insultes volent. Un des pilleurs essaie de nous amadouer en nous expliquant qu’il doit fleurir deux tombes … un cimetière entier serait plus approprié vu la taille du sac à dos. Le troisième larron a même caché son butin derrière les rochers. M-Chéri regrette que nous ne soyons que deux (et que je sois une femme), je crois bien qu’il aurait réglé le problème à la manière forte. Je me prends moi-même à rêver de leur arracher leur cueillette destinée à la vente sans aucun doute.

Nous sommes impuissant devant autant de sans gêne mais fermement décidés à porter plainte contre ces pilleurs de fleurs dont nous avons repéré le véhicule. Et hop, en grands justiciers, nous relevons les numéros de la plaque d’immatriculation de ces étrangers (… et oui, finalement c’est bien pratique les numéros de département sur nos anciennes plaques). Nous ne décolérons pas pendant la descente effectuée au pas de course.

Finalement, notre plainte ne sera pas recevable, aucun texte de loi n’interdisant la cueillette des Edelweiss. Ces trois énergumènes auront tout de même réussi à nous gâcher notre petite escapade, et le pré aux Edelweiss n’en aura finalement que le nom puisqu’il avait été méticuleusement balayé.

Voici tout de même quelques photos … et une interrogation sans réponse, comment peut-on se comporter ainsi, ça me rends folle !!!!

Et le pire pour la fin … poche droite du sac à dos … les autres sont autant remplies !!!

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