Pages Volantes – Frédérique Bué (Editions mon petit éditeur)
Il y a quelques temps, George, la dévoreuse de livres, nous parlait de Pages Volantes. Elle en parlait d’ailleurs si bien que son billet lu, je n’ai une qu’une envie : me procurer cette petite merveille.
Ce ne fut pas simple et je crois même que sans la ténacité de mon libraire, ce petit livre n’aurait pas été malmené entre mes mains pendant quelques heures pour mon plus grand bonheur. Par contre, j’avais entre temps totalement oublié de quoi il retournait précisément et comme je ne relis jamais la quatrième de couverture un ouvrage commencé, j’ai été bousculée (positivement) dès les premières pages !
Nous suivons les tribulations d’un objet qu’on choisit, qu’on achète, qu’on aime (ou pas), qui nous instruit, nous fait rire (ou pleurer), qu’on commente, qu’on repose (pas toujours dans la position idéale), qu’on peut se faire voler, qu’on prête échange ou que l’on timbale de ci de là, dont on discute … un livre !
L’idée est surprenante n’est ce pas ? Tellement surprenante d’ailleurs qu’il faut deux ou trois chapitres pour s’immerger dans cette aventure qui va se révéler passionnante. Moi qui suis amoureuse de la lecture … et du livre objet (même si j’ai une liseuse électronique) j’ai aimé être invitée au voyage avec ce héros de papier et découvrir les personnages qui sont sur son chemin, ils ont si bien décrits : la bibliothécaire, le bouquiniste, l’artiste, les enfants, la lectrice délicieusement parfumée …
Frédérique Bué a une écriture belle et riche. Elle aime et fait jouer les mots pour le plus grand plaisir du lecteur. Certes, il faut de l’attention pour lire ce livre et sans doute une seconde lecture pour en apprécier toutes les subtilités mais à la première c’est déjà un enchantement qui m’a collé un sourire aux lèvres du début à la fin … je ne suis pas sûre que je regarde les livres d’un même œil maintenant !!
Je vous livre un extrait qui m’a tout particulièrement charmée alors que le narrateur (le livre donc) nous livre ses impressions alors qu’il est sélectionné par son futur propriétaire, ou plus exactement la main de celui-ci :
« Celle-ci ? Oh non, trop molle et trop boudinée, capable de néglige de me refermer après lecture, ou d’user d’un papier de bonbon en guise de marque-pages.
Celle-là ? Oui, pourquoi pas, mais à condition que les ongles soient consciencieusement récurés et que la tranche de mes pages ne serve pas de lime à cet effet.
Cette autre ? Non, trop nerveuse, susceptible de passer un chapitre sans en prendre conscience.
Et cette vingtième ? Quelle énergie ! Cela me vaudrait certainement un écartèlement des vertèbres du dos, prématuré pour ma récente édition. »
Je vous recommande vivement ce « petit » roman si différent !
PS : Petit livre écartelé pour la photo mais promis, cela aura été la seule fois, je veille toujours à ne pas briser la tranche du livre et j’ai prié pour qu’il n’ait pas le vertige !!!
