Oona & Salinger (Frédéric Beigbeder) lu par Edouard Baer

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Alors voilà un roman où l’auteur parle encore de lui mais je dois bien reconnaître que c’est fait avec habileté. Frédéric Beigbeder est touchant quand il explique avoir longtemps confondu « jeunesse et jeunisme » au début du livre et la déclaration d’amour à Lara, sa compagne actuelle dans les dernières pages est très émouvante.

Entre les deux, il raconte Oona O’Neill, fille du dramaturge Eugène O’Neill, star de la « café society new-yorkaise » qui a été le premier amour de J.D. Salinger avant d’épouser Charlie Chaplin de 36 ans son aîné. L’auteur imagine une correspondance entre Oona et Salinger qui traverse la seconde guerre mondiale dans laquelle Salinger est engagé, décrit par le menu le New-York des années 40 et parsème l’histoire de détails qui rendent cette histoire fascinante.

On a beaucoup parlé du dernier roman de Frédéric Beigbeder lors de la rentrée littéraire de septembre mais je ne suis pas très fan de l’auteur, même si j’avais bien aimé « Un roman Français » qui parlait de lieux qui me sont très familiers. D’un autre côté, le sujet me plaisait sans me plaire (paradoxe quand tu nous tiens …) mais après avoir lu le premier chapitre, je me suis demandé comment un éditeur pouvait laisser filer des analogies aussi édifiantes que « elle avait les dents du bonheur de comme Yannick Noah », « C’était une it-girl comme Rihanna» ou bien encore « il était connu comme Spielberg » … alors que l’histoire se déroule dans les années 40 et penser qu’en 2015, Charlie Chaplin reste inconnu des jeunes génération est quand même assez humiliant pour les lecteurs. Bref, j’ai laissé passé le livre dans sa version papier.

En version lue (écoutée), le début reste terriblement agaçant, et ce d’autant que quand la voix d’Edouard Baer tombe dans les chuchotements, elle devient grave à en être inaudible mais petit à petit le livre décolle et certaines scènes comme la rencontre entre Hemingway et Salinger, ou la description du débarquement en Normandie sont des passages géniaux !

L’auteur fait preuve de pas mal d’humour, les références à You tube sont judicieuses et ayant pu regarder la vidéo en écoutant le livre, j’ai pu apprécier la synchronisation parfaite entre les images et les mots lus … et c’est vrai qu’elle était magnifique. Le mélange d’expressions anglaises et françaises donne des phrases étonnantes et au final, c’est un ouvrage plaisant.

Comme souvent dans les livres lus, il faut quelques pages pour s’habituer au narrateur et Edouard Baer remplit très bien ce rôle, tout en finesse et en émotion retenues.

Alors oui, contre toute attente, j’ai bien aimé ce livre et comme le dit lui même Frédéric Beigbeder, la dernière page « tournée », je crois que si cette histoire n’était pas vraie, je serais extrêmement déçue …

Un grand merci à AudioLib et Babelio pour m’avoir permis de participer à ce masse critique.

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