My absolute darling (Gabriel Tallent)

Dans la série ma PAL contient des pépites que je n’ai toujours pas lues, je viens de terminer « My absolute darling » et quel coup de poing !

Autopsie de l’emprise !

Julia a 14 ans. Elle grandit sur la côte Nord de la Californie dans ce qui pourrait s’apparenter à un bouge avec Martin son père. Cet homme, charismatique aux yeux des autres, appelle sa fille Croquette mais l’élève en lui apprenant à se défendre, à manier les armes. Elle, elle préfère s’appeler Turtle, sans doute à cause de la carapace qu’elle s’est forgée pour se protéger car elle est bien davantage que sa fille, elle est sa chose. Il l’aime d’un amour absolu, elle ne sera qu’à lui et Turtle grandit seule, sous la coupe violente et incestueuse de cet homme qui chaque jour rétrécit davantage son univers.

Ce livre est bouleversant. L’emprise tant physique que psychologique d’un père et le combat d’une adolescente pour retrouver la liberté, voire son âme sont décrits ici avec une précision rendant souvent la lecture douloureuse. Néanmoins, impossible de lâcher ce livre qui a hanté mes nuits. 

Une lecture obsédante

A sa sortie, il a suscité autant d’enthousiasme que d’effroi et ce sont effectivement les sentiments qui m’ont traversée à la lecture de ce roman d’une rare intensité. Gabriel Tallent aborde sans détour le problème de l’inceste et de la maltraitance. Il découpe au scalpel ce que peut être l’emprise d’un pervers narcissique sur sa propre fille, brosse le portait d’une Amérique ambivalente et torpille le survivalisme et la banalisation des armes à feux.

Ce roman est porté par une écriture fiévreuse et une tension vertigineuse. C’est tellement ambitieux pour un premier roman. L’analyse psychologique des personnages est aussi finement menée que dérangeante, mais ce n’est jamais gratuit. Il y a tant de sujets abordés en filigrane dans ce livre … c’est du haut vol ! 

Stephen  King a écrit que « le terme de chef-d’œuvre est bien trop galvaudé, mais il ne fait aucun doute que « My absolute darling » en est un … que dire de plus … 

Pour la petite histoire, j’ai eu la chance de discuter avec Gabriel Tallent qui est adorable, d’une simplicité désarmante. J’ai lu ce livre plus de deux ans après cette rencontre, et je me demande où il a été puiser toute la tension contenue dans ce livre, la richesse des analyses et tous les thèmes abordés avec autant de subtilité. 

Nul doute que cette lecture restera longtemps gravée dans ma mémoire. J’ai beaucoup pensé à La vraie vie d’Adeline Dieudonné, que je suis ravie d’avoir lu avant car il ne souffre pas la comparaison !

My absolute darling
Gabriel Tallent
Editions Gallmeister
455 pages

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