L’exercice de l’état

Synopsis : Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique … Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre.

A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils ?… L’État dévore ceux qui le servent.

Ma sortie ciné de la semaine ne m’aura pas déçue.

Les deux premières scènes du film font mouche : La première, dans les bureaux d’un luxueux hôtel particulier, une femme nue se glisse dans la gueule d’un crocodile. Plan coupé. Nous nous retrouvons dans le lit d’un homme, le sexe en érection. Il est réveillé par un appel et se rend en urgence dans les Ardennes sur le lieu d’accident d’un bus transportant des adolescents, une véritable scène de guerre. Le film a commencé depuis quelques minutes et je suis déjà scotchée à mon siège, abasourdie.

Nous suivons pendant presque deux heures, Bertrand Saint-Jean ministre des transports (Olivier Gourmet), escorté de sa chargée de communication (Zabou Breitman) et son directeur de cabinet (Michel Blanc). Les événements s’enchainent parsemés d’embûches et de sorties de route. Les ordres succèdent aux contre-ordres, la communication va vite, très vite, les luttes de pouvoir assassines sont légion … et tout ça sonne juste !

Les acteurs sont formidables. Oliver Gourmet, peu connu du grand public (sauf des amateurs des films des frères Dardenne) est magistral. Michel Blanc est méconnaissable en directeur de cabinet et les seconds rôles, de l’équipe du ministre (chauffeur compris) aux membres du gouvernement, sont parfaits.

Le ministre est confronté à un dilemme : le gouvernement projette un plan de privatisation des gares, il y est farouchement opposé mais peu à peu, il est amené à retourner sa veste malgré ses convictions intimes. Comment ne pas perdre la face ? On assiste, médusé à ce combat manichéen, aux luttes de pouvoir inter ministères. Outre l’absence de vie de famille, le pire combat est sans doute celui de la solitude. Comment peut-on être seul face à ses propres idées, ses doutes ou face à la colère de ceux qui subissent le système.

C’est complexe mais passionnant. Intelligent et provocant. Comment ne pas être fasciné par cette immersion certes fictive mais empreinte de tant de réalisme. Durant tout le film, je me suis demandée si c’était comme ça « en vrai », l’impression d’accéder aux coulisses du pouvoir fait froid dans le dos. Le film est en tension constante, les discussions sont de haut vol, la mise en scène est percutante, je suis sortie de là sonnée et tellement heureuse que le cinéma français ait réussi un tel pari !

J’ai vu ce film dimanche et l’envie de le revoir – oui déjà – me titille !!!

Ceci dit, j’aurais mieux fait puisque lundi, j’ai vu «  Mon pire cauchemar ». Je n’ai même pas envie de vous en parler tiens. Je vous dirai juste que c’est l’archétype du film qui prouve que des bons acteurs ne suffisent pas à la réussite et puis surtout, je déteste que la bande annonce montre les meilleurs moments du film … et que le meilleur se résume à 60 secondes, soit la durée dela BA. C’est mou, sans unité, plat, caricatural … j’arrête là !!!

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