La vraie vie (Adeline Dieudonné) – RL2018 #4

« La vraie vie » happe le lecteur dès les premières pages et nous plonge dans l’univers rempli d’animaux morts d’une fillette de 10 ans. La narratrice vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère, qu’elle compare à une amibe, son père violent, passionné par la chasse, le whisky ou bien encore la télévision et son petit frère Gilles qui suite à un accident a perdu le sourire et sombre petit à petit dans les ténèbres.

Pour ce premier roman, avec un style coup de poing, Adeline Dieudonné étonne par tant d’audace. L’atmosphère pesante prend à la gorge, engage le lecteur dans une urgence de lecture et en même temps, on est surpris par la fausse naïveté transmise par la narratrice. A mon sens, c’est dans cette ambivalence que réside le succès du livre, le côté candide ou faussement candide permettant de supporter la brutalité du quotidien de cette famille. Le lieu n’est pas précisément défini (zone franco-belge ?) ni les années pendant lesquelles la fillette va devenir adolescente mais peu importe, le lieu, la temporalité, les scènes, tout est suggéré plutôt que dit.

Adeline Dieudonné fait la part belle à ses personnages, s’intéresse à la part obscure des hommes et à la résistance, passive ou active des femmes et c’est sous tension que j’ai lu ce livre, d’une traite, dans la même urgence que celle impossible à lâcher avant d’en connaître la fin.

Ce roman a beaucoup fait parler de lui en cette rentrée littéraire. Il y a bien des écueils, des passages trop faciles, d’autres m’ont semblé très inspirés de Stephen King mais peu importe, ce livre est de ceux qui laissent des traces, dont on se souvient de l’histoire, du style percutant … et de cette couverture également fascinante.

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