
La perle et la coquille ou la femme et le carcan des lois afghanes ?
Shekiba et Rahima sont nées « filles » dans un Afghanistan soumis aux règles du Coran et à la loi tyrannique des hommes. La seconde est l’arrière-arrière petite fille de la première et entre les deux, un siècle d’écart, 5 générations et toujours les mêmes règles, c’est leur «naseeb» mais Shekiba et Rahima ont en commun de ne jamais se décourager et de ne pas baisser les bras devant des lois injustes et cruelles.
L’auteur a choisi l’alternance des destins de Rahima et de Shekiba. C’est la tante de Rahima qui raconte le cruel le destin de cette aïeule qui servira d’exemple à Rahima. Aucun doute, Nadia Hashimi a un grand talent de conteuse !
Au XXIème siècle, c’est l’éducation qui permet aux femmes de ne pas se résigner à un avenir d’esclave mais comment aller à l’école lorsqu’on est femme, totalement privée de liberté et monnayable dès 12 ans ?
J’ai dévoré ce livre qui est d’une réalité effrayante mais ne verse jamais dans le larmoyant. C’est un hommage au courage. Au courage qu’il faut à ces femmes pour faire un pas vers la liberté (ce qui signifie fugue), surtout quant on connaît la sentence en cas de désobéissance. La maltraitance a remplacé la lapidation mais la brutalité est toujours là. Même sur la période contemporaine, la poussière moyenâgeuse est omniprésente. C’est aussi ce qui m’a emporté dans ce récit, cette façon terrible d’être hors du temps où comment l’auteur nous fait prendre conscience d’une terrible tradition immuable depuis des siècles, celle du matriarcat : une femme qui donne naissance à un fils est honorée, son enfant sera choyé et respecté … mais elle deviendra à sont tour une belle mère tyrannique.
Certes, on sait que la condition des femmes en Afghanistan est tout sauf enviable mais je vous assure que le récit des conditions de vie des jeunes filles afghanes en ce début de XXIème siècle est édifiant.
Ce livre a aussi le mérite de nous balayer un siècle d’histoire en Afghanistan, un siècle si proche pour un pays qui nous semble si lointain par ces coutumes. Alors la conclusion sera militante mais il faut partager ce livre et le faire lire encore et encore pour défendre l’accès à la dignité pour toutes les femmes.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Milady pour ce livre que je n’aurais sans doute jamais lu et cela aurait vraiment été dommage.