Dave est vigile dans un magasin de luxe londonien. Un jour, il laisse filer Alena, une jeune fille russe bien qu’elle ait volé une paire de chaussures, persuadé que la jeune fille n’a rien de commun avec les habituels faucheurs. Quand elle le retrouve à la sortie de son travail, il sait déjà que sa vie va en être bouleversée. Ces deux êtres déjà très abîmés par la vie malgré leur jeune âge, ont en commun un fort sentiment de survie et l’énergie du désespoir et vont apprendre à s’apprivoiser. Entre Dave le discret et aiseux jeune homme issu d’une banlieue populaire et Alena, la jeune fille reçue venue en Europe alléchée par la promesse d’une vie meilleure, rien ne sera simple. Au fil des jours (et des pages), ils vont tenter de mieux se connaître et le lecteur de découvrir leurs secrets.
Fidèle à mon habitude, je ne vous en dirai pas davantage afin de vous laisser gagner par les surprises dès les premières pages. Leur histoire individuelle est hélas d’une grande banalité et il n’y a aucun sentimentalisme dans ce roman, Kerry Hudson faisant même preuve d’un réalisme souvent cru, heureusement ponctué de passages beaucoup plus romantiques et poétiques. Bizarrement, ce livre m’a rappelé l’écriture de Sofi Oksanen par sa brutalité.
Il n’y a pas de jugement de la part de l’auteure, et beaucoup de justesse et de finesse dans ce roman pour décrire ce quotidien brutal. Il y a aussi quelques incohérences et la construction du livre (alternance passé – présent, Dave – Alena) est au début un peu déroutante mais je l’ai lu avec avidité. Encore un bémol mais la toute fin de l’histoire est à mon sens décevante … enfin, comme ce ne sont que les ultimes pages, c’est un beau roman !
La couleur de l’eau de Kerry Hudson a reçu fin 2015, le prix Fémina du roman étranger.