La chaleur (Victor Jestin)

Le livre idéal pour prolonger l’été …

Léonard est en vacances avec sa famille dans un camping des Landes. Deux semaines de canicules, deux semaines d’enfer qui sont sur le point de s’achever quand il assiste au suicide d’Oscar un jeune de son âge. Non content de le regarder macabrement mourir, Léonard traîne le corps vers les dunes et l’enterre dans le sable.

Passons sur les invraisemblances de cette première scène et laissons nous porter par cet étrange roman qui dissèque si bien les dernières années de l’adolescence et raconte l’été et les vacances en camping avec une étonnante lucidité.

L’auteur n’a que 25 ans, la sortie de l’adolescence n’est donc pas si lointaine pour lui et il décrit fort bien le malaise de Léonard qui n’en peut plus de la chaleur, de la promiscuité, des rencontres futiles et de camping dont il fait une analyse un peu à la Houellebecq : le tourisme de masse, la consommation de bières, merguez ou frites, les concours, activités et autres jeux animés par le lapin crétin, la séduction avec jouissance obligatoire, le bronzage, les corps … tout cela dégoûte Léonard déjà bien embarrassé par sa famille dont il a presque honte. Gêné par son corps, plus vraiment enfant mais pas encore adulte, il découvre maladroitement les filles, le sexe, l’alcool et traîne son ennui et son malaise dans les allées poussiéreuses du camping sous une chaleur écrasante. Léo ne comprends pas ce qui l’a poussé à geste aussi insensé … et le lecteur non plus.

C’est là que le bât blesse et c’est dommage d’être passé à côté de l’analyse du comportement de ce jeune déconnecté de cet été, de la population de ce camping, de son époque même. Léonard est apathique et l’auteur de même vis à vis de son personnage.

Pas particulièrement original mais jamais ennuyeux, ce court roman se lit d’une traite et il est écrit avec une étonnante maîtrise pour un auteur si jeune. La tension monte subtilement au fil des pages. Le personnage de Léonard est bizarre et ce roman à son image : étrange, dans le sens indéfinissable … mais j’ai lu des livres bien plus convenus alors nul doute que l’on peut se laisser aller à toutes les spéculations pour savoir de quoi Oscar est réellement mort et pourquoi Léonard a réagi ainsi mais ce livre se dévore, de préférence en bord de mer !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour l’envoi de ce livre de la rentrée littéraire, reçu en avant-première.

La chaleur
Victor Jestin
136 pages
Editions Flammarion

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