« Choc », « Révélation », « Phénomène », « Succès » autant de qualificatifs entendus de ci de là au sujet de ce livre.
Eddy est né en 1992, dans un village Picard. Issu d’une famille pauvre dans un milieu sinistré, il raconte le quotidien de ces années d’enfance puis d’adolescence avant de « s’enfuir » pour faire des études secondaires. Ce quotidien c’est : chômage, alcoolisme, télévision, et insultes car le jeune Eddy n’est pas comme les autres et, dans un monde ou il est de bon ton d’être gros, de ne pas travailler à l‘école et d’être mal élevé (ce sont les dires de l’auteur) un garçon fluet qui préfère les déguisements au foot et aux copains suscite la violence, verbale et physique de la part de sa famille, des collégiens ou du village.
L’écriture est impeccable et implacable : alternance de deux langages : celui des siens (en italique) et son langage actuel. Le « roman » est effarant puisque c’est une histoire vraie.
Le constat de cette misère est infernal et les lois de la reproduction sociales abominables : les filles seront caissières, mères jeunes et les garçons travaillerons à l’usine. Ce livre aurait pu être écrit par Zola, on a l’impression que rien n’a changé, la misère la plus noire est toujours la même au fil du temps.
J’ai du mal à parler de ce livre en disant que « J’ai aimé » car comment peut-on aimer se trouver voyeur d’une telle histoire. Par contre, si un bon livre se mesure aux émotions ressenties alors oui, j’ai été touchée, voire coulée et j’ai trouvé ce livre étouffant. Etouffant car c’est glacial, sans empathie (est-ce lié au jeune âge de l’auteur qui jette ici tant de haine). L’auteur a pris des coups et est resté inerte, il et les retranscrit et laisse le lecteur dans le même état : scotché.
Je remercie Elisabeth qui a initié une chaîne de lecture et Koalisa pour m’avoir envoyé le livre. J’attends l’adresse de la suivante …