âmes inuites …
De pierre et d’os est un roman initiatique au pays des Inuits à une époque où les hommes vivaient en symbiose avec les animaux et la nature, invoquaient les esprits et mesuraient le temps à coup de lunes.
Ce livre, ce conte même, raconte la vie d’Uqsuralik, jeune inuit qui au cours de la même nuit devient femme et perd sa famille. Terrible symbole dont les images hantent le lecteur du début à la fin du livre. Cette nuit donc, la jeune fille « au caractère d’ours et au nom d’hermine » se retrouve isolée de sa famille sur une partie de la banquise qui s’éloigne inexorablement. Dans un monde plus qu’inhospitalier, face à un environnement abrupt et un climat extrêmement rude, elle trouvera force et courage pour tracer son chemin.
Alternant récits et chants poétiques, Bérangère Cournut emporte le lecteur dans un univers où la parole des anciens et le champ des esprits rythment peines et joies au fil des saisons. Nul doute que l’auteure a été fascinée par cette civilisation millénaire et certains passages très détaillés sont proche de l’ethnographie, rendant le récit plus glaçant encore. Les techniques de chasse, la découpe des peaux puis la répartition du gibier (je vous passe le détail des repas 😉 ), l’organisation familiale au sein des tribus, l’art de vivre et parfois de survivre, le chamanisme … autant de passages entrecoupés des paroles des chants merveilleux qui apportent chaque fois un éclairage complémentaire.
Quand banquise rime avec hantise et mysticisme
Une magnifique histoire d’apprentissage et d’héritage spirituel en immersion dans la culture des nomades du Grand Nord. A la fois roman d’aventure et récit mystique, De Pierre et d’os est un livre envoutant. L’auteure réussit un sacré tour de force en nous plongeant au plus profond de l’intime de ces peuples aux coutumes si particulières. Un livre qui me hantera longtemps !
De pierre et d’os
Bérengère Cournut
Le tripode
256 pages
Extrait page 96.
En cela, elle ne se trompe pas beaucoup, car peu de temps après notre arrivée ce fameux hiver de faim, alors que je n’étais pas encore tout à fait remise l’accouchement et de la nouvelle qui l’avait accompagné au sujet de mes parents, Sauniq a proposé de m’adopter. J’ai maintenant une mère qui est également la fille de ma fille, et dont je suis ainsi la grand-mère : nous sommes un cycle de vie à nous trois, et les autres se trouvent naturellement reliés à nous par leurs liens à Sauniq.