Quel bonheur de retrouver la famille Péricourt abandonnée à la fin de Haut revoir là-haut avec le suicide d’Edouard Péricourt. Le second volet débute de façon tout aussi dramatique avec les obsèques en grande pompe de Marcel Péricourt, et un autre événement terrible dont je ne parlerai pas tant j’ai pris plaisir à avoir une surprise à chaque page ou presque de ce roman.
Madeleine Péricourt, fille de Marcel se retrouve donc à la tête d’un empire financier (la banque familiale), à la veille des années 30 et de la crise financière de 1929 … je vous laisse découvrir la suite.
Il y a de l‘Alexandre Dumas dans ce livre. L’écriture, que certains jugeront un peu surannée est très XIXème mais les mots courent en de belles envolées toujours très fines. Il y a un côté feuilleton et de surprises en surprises, de chapitres en chapitres, le livre ne se lache pas !
Pierre Lemaître brosse ses personnages avec une ironie féroce (les deux jumelles de Charles délicieusement bêtes et laides rappellent les demi-sœurs de Cendrillon par leur côté revêche, Solange la Diva a des airs de Castafiore …) et l’époque avec une précision chirurgicale. L’aspect politique est très fort. La crise de 1929, les scandales boursiers, l’évasion fiscale, le monde du journalisme … Pierre Lemaître dissèque brillamment l’époque et réussit paradoxalement un roman très contemporain.
Extrait :
« Sur Paris, le froid était brusquement retombé. La ville était surplombée par un ciel laiteux, dont il avait été difficile de percer les intentions jusqu’au retour d’une pluie glaciale et pénétrante.
Le bureau de maître Lecerf plongé dans la pénombre fût éclairé, on secoua les manteaux avant de les accrocher au perroquet, on s’installa.
Hortense avait tenu à être présente aux côtés de son époux. Cette femme brève de seins, de fesses et d’esprit considérait Charles comme un être prodigieux … »
Je trouve que ces quelques lignes résument à merveille le brio de Pierre Lemaître. Les dialogues sont truculents … attendre la suite va me sembler bien long !