Changer de vie, oui … mais …

Est-ce bien raisonnable de croire que l’herbe est plus verte dans le pré d’à côté ? Si j’en crois les articles qui fleurissent un peu partout dans la presse et les reportages, il est de bon ton de quitter la ville pour la campagne et d’abandonner un travail stressant pour une activité en accord avec soi-même. Ouvrir un restaurant, un salon de thé ou un atelier de créateurs … voilà autant de projets qui font rêver  … mais c’est parfois plus compliqué que ça !

Peut-on vivre de ses gâteaux vegan ou de son tricot ? Peut-on balayer des années d’études pour un CAP ? Je pense que nous avons tous dans notre vie des caps difficiles à passer et des envies de nous réinventer. Que celle ou celui qui n’a jamais eu envie de tout envoyer balader à un retour de vacances me jette la première pierre !

J’ai eu la chance dans ma vie professionnelle d’avoir à gérer des projets d’entreprises passionnants. A 30 et quelques années, j’ai changé de métier mais pas d’entreprise, je me suis éclatée ! A 40 ans, j’avais un job passionnant mais usant, je suis passée au bord du burn-out et j’ai eu envie de changer de vie. Au diable les lourdes responsabilités, les réunions à pas d’heure, mes 50 heures hebdomadaires ;  avec mon compagnon nous avons créé notre très petite entreprise.

L’effervescence du projet, la liberté, la nouveauté … tout me semblait tellement mieux. Seulement, très vite j’ai été rattrapée par le quotidien. Certes, je n’avais de comptes à rendre qu’à moi-même, j’étais mon propre boss mais à quel prix  !!! De 50 heures, j’étais passée à 70 heures, les problèmes de trésorerie me minaient. Notre affaire était florissante … en apparence. Avoir un commerce, c’est payer pour tout et n’avoir droit à rien. Ajoutez à cela qu’avoir un restaurant, c’est en plus signer pour une vie parallèle à celle des gens que tu aimes. C’est travailler pour le loisir des autres, c’est avoir du temps libre quand il n’y a rien à faire … c’est avant tout consacrer les quelques heures de libre à faire ce qu’il couterait trop cher de sous-traiter. C’est faire une croix sur les vacances car les congés payés n’existent plus, c’est bosser le double quand tes salariés prennent des vacances … bref, me concernant, je crois qu’élever des brebis en montagne au fond d’une vallée des Pyrénées aurait été moins épuisant.

Les aléas de la vie ont fait que j’ai renoncé à cette pseudo-liberté d’être à son compte. J’ai retrouvé une activité salariée. Aujourd’hui, je gagne deux fois moins que dans mon ancienne vie de salariée mais je mesure la chance d’avoir des journées décentes, des véritables WE, et des congés payés (oui, ça fait très front populaire mais quelle avancée …) et de laisser les soucis à mon patron.

Alors je ne veux pas décourager tous ceux qui sont prêts à tout plaquer pour une vie meilleure mais simplement les inviter à être réalistes et alors que je vois fleurir les articles sur des expériences heureuses (et je suis sûre qu’il y en a) … je voulais simplement apporter mon bémol sur ce mirage d’une vie meilleure.

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