Un roman totalement subversif sur l’Amérique profonde et bigote, un pays dans lequel à l’aube de l’ère Donald Trump le pire est toujours possible
Richard Weatherford officie comme pasteur dans une petite ville de l’Arkansas. Marié à Penny, père de cinq enfants, il est une des personne les plus en vue de la bourgade, respecté et écouté par la population. Quand il devient la proie d’un maître-chanteur, il est prêt à tout pour sauver les apparences et maintenir sa situation, quitte à s’affranchir des lois et à bafouer la morale qu’il prêche chaque semaine dans son église.
Les chapitres s’enchaînent avec une impeccable maîtrise, les différents protagonistes prenant tour à tour la parole. Le lecteur se trouve bien vite pris dans la même spirale infernale que le pasteur et le temps s’étire avec une incroyable subtilité puisque l’action est resserrée sur à peine un peu plus de 24 heures. Plus le rythme s’accélère et plus les chapitres sont courts … le lecteur est tenu en haleine, se demandant à quel moment le vernis des apparences va définitivement se fissurer, c’est bluffant !
Ce roman noir est délicieusement amoral et terriblement cynique. C’est un portrait au vitriol de l’Amérique profonde et puritaine et d’une église où la foi rime avec l’hypocrisie. A noter une impeccable fluidité d’écriture (et sans doute de traduction). C’est parfois cru mais jamais vulgaire et régulièrement revient la même interrogation : « où s’arrête le bien et où commence le mal ? ».