Ces dernières semaines, je crois avoir eu encore moins de temps que d’habitude pour lire et il fallait bien un ouvrage passionnant pour que je m’y tienne plus de quelques pages avant de sombrer tous les soirs dans les bras de Morphée.
J’ai donc jeté mon dévolu sur un roman d’Elisabeth George, le 14ème d’une série, celui qui justifiait que j’aie lu les 13 précédents.
Cet ouvrage là tient davantage du roman social et psychologique que du polar. Fidèle à son habitude, la romancière a un réel talent pour construire des personnages et leur donner un épaisseur peu courante.
La fin du roman précédent « sans l’ombre d’un témoin » était tragique (je ne vous en dirai pas davantage, ce serait sacrifier les 12 précédents !) et « Anatomie d’un crime » est davantage une parenthèse qu’une suite … sauf dans les toutes dernières pages.
L’histoire se déroule dans le Londres contemporain, celui des quartiers populaires, aux premières loges d’une société brutale et violente. L’auteure en fait une description terrible et captivante : trafics en tout genre, absentéisme scolaire, démission parentale, services sociaux sont abordés avec force de détails et de réalisme.
Ness (15 ans), Joël (12 ans) et Toby (8 ans) sont abandonnés par leur grand-mère (qui en a « hérité » de sa propre fille) et « déposés » chez leur tante Kendra, femme indépendante et pour qui être mère est tout sauf une vocation. Malgré tout la bonne volonté de cette dernière, Ness tourne mal et Joël essaie tant bien que mal de protéger sont petit frère de la rue. Dès les premières pages, la tension est là, la fin tragique semble inexorable et nous assistons à la chronique d’un crime annoncé.
C’est noir, très noir et totalement désarmant. Il semble que le malheur soit écrit dans les pages de vie de certains dès leur naissance. Un peu à la façon de Dickens, Elisabeth Georges dresse un portrait sans compassion d’une société anglaise en total désarroi.
Bref, c’est un livre poignant, une fois encore merveilleusement bien écrit et je n’ai qu’une hâte, c’est de me jeter sur le 15ème pour reprendre là où la parenthèse s’est refermée.