Note de l’éditeur :
Si tout le monde faisait l’amour, on ne s’entendrait plus.
« Pendant une longue période, qu’au fond je n’ai à cœur ni de situer dans le temps, ni d’estimer ici en nombre d’années, j’ai vécu dans peut-être la pire insubordination de notre époque, qui est l’absence de vie sexuelle. Encore faudrait-il que ce terme soit le bon, si l’on considère qu’une part colossale de sensualité a accompagné ces années, ou seuls les rêves ont comblé mes attentes ? mais quels rêves ?, et ou ce que j’ai approché, ce n’était qu’en pensée – mais quelles pensées. Sur ce rien qui me fut salutaire, et dans lequel j’ai appris à puiser des ressources insoupçonnées, sur ce qu’est la caresse pour quelqu’un qui n’est plus caressé et qui, probablement, ne caresse plus, sur l’obsession gonflant en vous et dont on dit si bien qu’elle vous monte à la tête, sur la foule résignée que je devine, ces gens que je reconnais en un instant et pour lesquels j’éprouve tant de tendresse, je voulais faire un livre. »
Mon avis :
Depuis des années, j’apprécie le franc-parler et l’humour de Sophie Fontanel. Je me souviens de ses débuts à C+, certains de ses articles dans ELLE me font mourir de rire et son blog est rafraîchissant, l’antithèse de la prise de tête.
C’est donc avec envie que j’ai acheté son livre après avoir lu et écouté quelques interviews.
A l’heure ou les émissions sur la sexualité pullulent sur le PAF … peut-on avouer en 2011 ne pas avoir envie de faire l’amour sans être jugée ? Où s’arrête l’intimité et où commence l’hypocrisie ? Dans ce livre, Sophie Fontanel se livre avec franchise sur un sujet qui reste tabou. Elle nous explique que l’acte sexuel a un prix trop élevé, et parce qu’elle n’en peut plus de se laisser faire ou de faire semblant, un jour elle arrête de faire l’amour et nous parle du regard des autres et des doutes dont elle est saisie.
Les courts chapitres pourraient s’apparenter à des chroniques dans lesquelles l’auteur croque des tranches de vies, de ses proches ou d’inconnus avec réalisme et pudeur. Sa solitude est bouleversante et c’est aussi un récit sur la tolérance et le droit à être différent. Sophie Fontanel met en avant le soulagement de ne plus avoir à feindre l’envie, et son désir de se réapproprier son corps … pour justement retrouver l’envie et c’est là que j’ai été un peu déçue, la fin du livre tombant un peu vite à mon sens.
Alors, ce n’est certes pas de la grande littérature mais c’est sans prétention et très bien écrit : léger, rapide, de belles phrases et surtout beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Aussi personnelle cette histoire soit-elle, beaucoup peuvent se retrouver dans ces mots.
Aucun doute, Sophie Fontanel est audacieuse et sa sincérité magnifique. J’ai apprécié cette lecture et cela m’a donné envie de lire son précédent roman « Grandir » dans lequel elle se dévoile comme une fille à maman, avec ce que ça comporte de chagrins et de bonheurs.