Pepe Carvalho, tout fout le camp (Carlos Zanon)

Fallait-il ressusciter Pepe Carvalho?

L’enquêteur Pepe Carvalho avait disparu à la mort de son créateur, l’auteur Manuel Vazquez Montalban.  Je ne sais plus comment j’avais découvert l’univers désabusé de ce détective du XXème siècle, militant communiste, anti-franquistes dans sa jeunesse mais je gardais un souvenir amusé de ces polars noir.

Toujours est-il que le voilà ressuscité, rajeuni mais usé, dans une Barcelone envahie de touristes en pleine campagne des indépendantistes catalans.
On retrouve son vieux bureau, son fidèle acolyte Biscuter qui ne pense qu’à cuisiner et une assistante qu’il ne contrôle plus guère.

Pepe Carvalho n’est pas en grande forme mais il refuse de se soigner. Pas très en phase avec son époque, il ne brûle plus les livres mais refuse les portables qui lui seraient pourtant bien utiles, mange mal, boit beaucoup et traine sa mélancolie dans les bars de nuit. Côté affaires, il ne roule pas sur l’or et côté coeur il a pour maîtresse (affublé du surnom « Ma bien-aimée Zombie ») la femme d’un politicien influent de Madrid (du parti populaire qui plus est) qui n’entend pas laisser les tourtereaux tranquilles … bref, le revoilà assez décalé avec le monde moderne.

Quand une amie vient le trouver pour lui demander de l’aider à pour trouver qui a bien pu assassiner une vieille femme et sa petite fille, quand un tueur en série semble s’attaquer aux prostituées de la colline de Montjuic, Pepe Carvalho tente de retrouver le goût à la vie et aux enquêtes …

Côté décalage, c’est très réussi et prétexte à une habile satire sociale de notre époque. L’enquêteur est toujours aussi farfelu avec des répliques caustiques mais c’est terriblement confus et je me demande si le lecteur qui n’a jamais lu les livres de Montalban y trouvera le plaisir attendu. Avec de nombreuses digressions cinématographiques ou littéraires, des monologues sans fin, un voisin écrivain qui s’est mis en tête de raconter la vie de Pepe … tout ça se mélange et Calos Zanon aurait peut-être fait mieux de lui foutre la paix à Pepe Carvalho.

C’est noir, très noir même et j’étais souvent perdue dans cette obscurité ! Seul le fil des enquêtes m’a tenue jusqu’au bout du livre (515 pages quand même). L’analyse socio-politique est fine, certains passages permettent de retrouver l’ambiance cynique que j’aimais chez Montalban et pour qui connait Barcelone, se balader dans les quartier de Montjuic, au marché de la Boqueria, sur les Ramblas ou dans le vieux quartier de Barceloneta reste un plaisir mais cela fait bien peu sur la longueur …

Le célèbre enquêteur catalan, connu pour son cynisme et ses talents culinaires, aurait peut-être voulu qu’on le laisse profiter d’un repos bien mérité !

Merci quand même à Babelio et aux Editions du Seuil pour ce livre lu dans le cadre de la Masse Critiques « Mauvais genre ».

Pepe Carvalho Tout fout le camp
Carlos Zanon
Editions du seuil (Cadre noir)
515 pages 

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