Vie de Gérard Fulmard (Jean Echenoz)

Antihéros malgré lui

Gérard Fulmard est un antihéros. Ni courageux, ni héroïque , cet ancien steward licencié pour faute est au chômage et il vivote et soyons clair, il a tout du minable ! Alors qu’il envisage de monter son propre cabinet de détective privé et que le supermarché au bout de sa rue explose, cet homme perpétuellement fatigué se retrouve au cœur d’un imbroglio mafio-politique, pris dans un engrenage de circonstances improbables.

À la fois loufoque et mélancolique, ce récit rocambolesque m’a laissée perplexe. Alors oui bien sûr, j’ai apprécié cette ambiance confinée, la description précise de la rue Erlanger à Paris (il y a presque un côté Modiano dans certaines pages) mais ça n’a pas suffit. C’est extrêmement bien écrit mais ce langage presque trop soutenu, limite alambiqué m’a semblé bien peu en phase avec l’histoire de ce raté, comme si le fond ne collait pas avec la forme.

Certes il y a un peu de suspense et heureusement beaucoup d’ironie. Le regard désabusé que jette Jean Echenoz sur notre société en général et le monde politique en particulier est caustique et jouissif sauve ce livre.

Bref, pour moi cette étrange « Vie de Gérard Fulmard », livre à la fois laconique et précis (c’est très paradoxal comme lecture), décalé et sarcastique aurait pu me séduire mais impossible d’adhérer à cette vie de Gérard Fulmard qui n’en finissait pas. J’ai mis plus de 10 jours à lire ces quelques 200 pages … c’est assez mauvais signe

Pour tout vous dire, c’était mon premier livre de Jean Echenoz et il semble que je doive absolument lire 14 pour éviter que ce ne soit aussi le dernier.

Vie de Gérard Fulmard
Jean Echenoz
Editions de Minuit
240 pages

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