Bombe humaine
Désintégration : nom féminin signifiant destruction complète, dissolution venue de l’intérieur … et effectivement, ce livre fait l’effet d’une bombe tant il explose de haine et de colère. Roman ou autobiographie ? Un peu des deux sans doute pour raconter le parcours désenchanté d’une jeune étudiante.
La narratrice, fille d’une famille modeste a grandi en banlieue et elle enchaine aujourd’hui les petits boulots alimentaires pour financer ses études dans « la grande ville ». D’elle on ne connaitra jamais le nom. Elle vit en colocation et peine à s’intégrer parmi ses camarades issus de milieux plus favorisés. Mépris de classe et humiliations sociales sont le terreau fertile à des sentiments de rancoeur et de honte, deux sentiments qui vont grandir en elle jusqu’à la perte de soi, le cheminement entre ce que la jeune fille rêvait de devenir et ce qu’elle se voit devenir.
De l’appétit de vivre au désenchantement
Bon, autant vous le dire de suite, Désintégration n’est pas un livre gai mais une histoire puissante et virulente sur la jeunesse précarisée, une actualité réelle qui fait froid dans le dos. C’est Un livre désenchanteur qui secoue, un livre d’une rare intensité dramatique, avec une tension permanente servi par un style particulièrement acéré, comme si chaque mot était choisi avec une précision chirurgicale, une écriture au scalpel.
Désintégration c’est une histoire de pauvreté et d’épuisement, une histoire dans laquelle « Nous n’étions pas vivants. Nous n’étions pas morts. On était juste crevés, vidés, lessivés, épuisés, physiquement et psychologiquement … » et cette phrase, ce style minimaliste, ces mots rageurs qui visent justes, ce ton âpre sont le reflet de ce livre terriblement corrosif !
Un roman-récit coup de poing à lire absolument !
Désintégration
Emmanuelle Richard
Edition de l’Olivier
208 pages
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