Par les routes (Sylvain Prudhomme)

Faut-il partir ou rester pour être heureux ?

Sacha, écrivain, la quarantaine, fuit la capitale avec pour seuls bagages quelques livres et s’installe à V., petite bourgade du Sud-est de la France. Discrètement, il prend possession d’un deux-pièces où il pourra continuer écrire. Ici, il retrouve un cousin éloigné puis l’auto-stoppeur. Ce dernier est de ces amis que l’on n’a pas vu pendant des années mais que l’on retrouve comme si on s’était quitté la veille. Celui dont on ne connaitra jamais que le prénom présente à Sacha, Marie son épouse et Agùstin leur fils. Entre eux le courant passe immédiatement et les heures s’écoulent. Ils se quittent pour mieux se retrouver quelques jours plus tard et Sacha découvre que son ami, entre deux petits boulots n’a jamais cessé de voyager en auto-stop, même à l’heure du co-voiturage, et abandonne régulièrement ses proches pour quelques jours … ou plus.

Sacha est celui qui reste, l’auto-stoppeur est celui qui part mais dans le fond, tous les deux sont en attente, soumis aux mêmes interrogations sur la vie. Tout est histoire de départ et de retour, de séparations et de retrouvailles, de promesses et de trahisons, d’attraction et de répulsion, de désir et de regrets, de choix et de tiraillements … la multitudes des existences possibles.

Géographie du territoire amoureux

Sous le pouce de l’auto-stoppeur, Sylvain Prudhomme parcourt le territoire France et nous livre un inventaire à la Prévert des paysages, autoroutes, routes secondaires ou autres petits villages aux noms parfois surprenants que l’auto-stoppeur se plait à confronter et associer avec humour et le lecteur est du voyage, le nez à la fenêtre, à regarder ces lieux défiler … laissez-vous porter !

C’est un magnifique roman d’amour, d’amitié et de hasards servi par une écriture vivante et tranquille (un peu comme le cheminement des personnages du roman) mais jamais ennuyeuse. Un rythme de phrases courtes et précises, pas d’effet de style pour une progression sans effusions, je suis tombée sous le charme de ce récit délicat et poétique dont la fin est magnifique et convoque au bonheur.

Une belle surprise de cette rentrée littéraire qui m’a fait penser à l’œuvre de Raymond Depardon parti photographier les campagnes françaises et ses habitants; un livre aussi stupéfiant que doux, et oui, c’est possible !

Sur les routes
Sylvain Prudhomme
Editions L’arbalète Gallimard
304 pages

Les derniers articles ...