Avant que j’oublie (Anne Pauly)

Quand derrière chaque détail se cache l’essentiel

Avant que j’oublie c’est l’histoire « simple » de Anne et Jean-François, un frère et une soeur qui se retrouvent au chevet de leur père agonisant et bientôt mort. Ils affrontent, chacun à leur manière les dernières heures à l’hôpital, les non-dits du corps médical, la mort, la morgue, les obsèques et formalités d’usage puis l’absence et le tri dans la maison, ce grand fatras de boîtes en métal remplies d’objets hétéroclites qui sont autant de souvenirs à démêler. Amour, tendresse, tristesse, incompréhension, colère …

Anne Pauly nous emporte avec elle dans ses états d’âme et c’est beau.

Oui, malgré le thème c’est beau et juste. Bien que très intime, cette histoire m’a surtout marquée par la pudeur de l’auteure qui aborde avec finesse l’héritage laissé par son père, ce « gros déglingo ». A son enterrement, elle est suprise par tous les hommages qui lui sont rendus. Toutes ces personnes présentes semblent avoir connu un homme délicat et discret, parfois mystique mais en tous les cas aux antipodes du père égoïste et alcoolique qui les a élevés, elle et son frère. Quand la mélancolie et la solitude envahissent Anne, elle prend conscience d’être passée à côté de celui qui n’était peut-être pas aussi infernal que cela.

Le titre est une jolie pirouette car visiblement, la narratrice et auteure n’oublie rien et sans aucun pathos mais avec un humour décapant (parfois celui du désespoir), elle pulvérise la bienséance et nous offre un magnifique hommage au père, un livre bouleversant et remarquable car effectivement, « il n’y a pas d’âge pour devenir orphelin … on n’oublie jamais, on apprivoise le manque avec les moyens propres à chacun ». Le thème du deuil est casse-gueule et autant j’avais trouvé le roman d’Olivia de Lamberterie impudique, voire indécent, autant ici Anne Pauly avec une écriture habile évite tous les écueils du genre. Un roman qui n’en n’est pas un, sur les petits riens qui font une vie … un livre à lire, et à relire !

Avant que j’oublie
Anne Pauly
Editions Verdier
144 pages

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