Sérotonine (Michel Houellebecq)

« Sérotonine » ou neurotransmetteur connu sous l’appellation « hormone du bonheur » … de quoi sourire pour qui connait Michel Houellebecq et de quoi illustrer parfaitement le cynisme de l’auteur. L’homme dérange mais il serait dommage de se priver de cette lecture sous ce prétexte. Après avoir imaginé la France avec un parti musulman conservateur à la tête du pays (Soumission), le voilà qui nous balade dans une France en souffrance, au bord du désespoir.

Au début du livre, tout y est alors un peu de bienveillance peut être nécessaire pour balayer sereinement les premières pages dans lesquelles on retrouve le langage cru de l’auteur, les scènes de sexe salaces et le lot de provocations qui va bien !

Florent-Claude travaille en tant que contractuel au ministère de l’agriculture. Il décide d’en finir avec ce métier qui le déprime, de quitter sa femme Yuzu avec qui il ne partage plus rien et de disparaître; de toutes façons sa vie sociale est réduite au néant. Son plus grand souci devient alors de trouver une chambre dans un hôtel qui accepte les fumeurs et de renouveler son ordonance de Captorix. Maintenu en vie à coup d’antidépresseurs, fumant et buvant à longueur de journée, parcourant Paris et le nord de la France sur les traces de son passé,  Florent-Claude refait le film de sa vie et contre toute attente, Michel Houellebacq nous sert une magnifique histoire d’amour (ou même deux) et surtout l’histoire d’un chagrin d’amour mortel.

On a beau se dire que c’est un roman, dans la mesure où le narrateur s’exprime à la première personne, il est difficile de ne pas faire l’amalgame entre la vie de son personnage principal, inapte au bonheur et inadapté au monde et celle de l’auteur. Il faut quand même une sacrée dose d’autodérision pour avoir écit ce livre. On connait le combat de Michel Houellebecq contre le libéralisme et la mondialisation, on découvre celui contre l’Europe agricole. Certes, et comme certains éditorialistes l’ont écrit, il y a bien quelques incohérences au sujet des directives Européennes mais une fois encore, Michel Houellebecq nous dresse le portrait d’une France qui aurait pu être celle des gilets jaunes et une fois de plus, ce roman est parfaitement en prise avec notre époque.

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