Arcadie (Emmanuelle Bayamack-Tam) – RL2018#1

Arcadie, c’est le monde dans lequel vit Farah.
Arcadie c’est un univers utopique.
​Arcadie c’est Liberty House, une maison isolée en pleine nature, au cœur d’une zone blanche, habitée par une communauté d’adultes libertaires ayant choisi de ne plus avoir aucun contact avec la technologie. Farah grandit – aimée de tous, ennuyée par personne – dans cet environnement dont Arcady est le maître. Il est fort, beau, charismatique et forcément, l’adolescente est amoureuse de ce mentor qui prône le végétarisme, l’anti-spécisme, la tolérance, l’amour libre en dehors de toute idée de possession … et qui baise comme un dieu.

Difficile d’aller plus loin sans en dire trop. Farah est en pleine puberté et son corps évolue … mais elle souffre d’une maladie orpheline, le syndrome de Rokitanski, faisant d’elle une créature androgyne. 

Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture (ils sont fous chez P.O.L ou bien ?). Est-ce que l’intervention du migrant est censé racoler le lecteur ? En tous cas, ce garçon aussi beau soit-il et au destin malheureux ne sera qu’un détonateur dans la vie de Farah, n’intervient que quelques pages et n’est surtout pas le sujet de ce roman aux multiples portes d’entrées, savoureuse satire de notre société actuelle.

Arcadie c’est surtout un livre sur l’amour, l’acceptation, la différence … et le transgenre, mais c’est bien loin de se résumer à cela. C’est aussi une immersion dans ce qu’on pourrait appeler une secte (le mot est trop réducteur) et au fil des pages, Farah est notre œil lucide et bienveillant sur cette communauté.

Arcadie, c’est l’écriture sublime d’Emmanuelle Bayamack-Tam au style juste et inventif, c’est magnifique.

Arcadie, c’est à la fois irrésistiblement drôle, cinglant et tendre, cru et poétique, érotique parfois … jouissif même et c’est une surtout une sacrée claque, un énorme coup de cœur dans cette rentrée littéraire 2018.

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