Elle nous raconte sa mère, née d’une famille bourgeoise, son père adoptif, issu d’un milieu prolétaire, artiste, ses frères … et une enfance bohême, pleine de rêves et d’incompréhension.
J’ai presque grandi avec Isabelle Carré découverte dans ses tous premiers films et jamais lâchée depuis des années. Elle décrit sa famille avec simplicité et pudeur. C’est un premier roman aux pages lumineuses, au style imparfait (elle écrit d’ailleurs : « mon récit manque d’unité , ne respecte aucune chronologie, et ce désordre est peut-être à l’image de nos vies, en tout cas de la mienne ») mais il y a une telle sincérité dans ces pages que l’émotion est toujours là. Il y a une sacrée ambivalence entre la légèreté de la plume d’Isabelle Carré et la gravité des sujets abordés : la famille, l’éducation, l’homosexualité et l’impact du contexte de vie dans la construction d’un individu.
Isabelle et son petit air mutin, ce sourire angélique et ce regard à la fois doux et perçant, c’est ce que l’on ressent à chaque page, ce mélange de fragilité et de détermination. J’ai beaucoup aimé ce texte particulièrement touchant, teinté d’une certaine nostalgie, à la fois léger et pesant. C’est peut-être aussi que ce livre tombe à un moment de ma vie ou je m’interroge beaucoup sur le poids de l’héritage familial, les bases sur lesquelles un enfant se construit et celles qui feront sa vie d’adulte.
Je ne peux m’empêcher de me demander quelles sont les motivations qui ont poussé l’actrice à lever avec autant de sincérité le voile sur sa personnalité et sur cette famille peu banale, tellement post-soixante-huitarde ! L’envie de s’en libérer ? L’envie d’écrire tout simplement ? Voilà une auteure que j’aimerais beaucoup rencontrer.