Jeanne a quarante ans. Elle mène une vie tranquille (trop ?) et rangée auprès de son mari. Ils vivent en Isère, dans un pavillon modeste. Leurs filles jumelles sont étudiantes et ont quitté le nid familial. Jeanne travaille à la Poste, sans regret mais sans passion non plus … Jeanne a aussi une amie de longue date qui vit des moments difficiles et ces deux-là replongent parfois en adolescence. Jeanne a des habitudes, une vie routinière mais Jeanne voue aussi depuis son adolescence un véritable culte à Marina Abramovic, artiste contemporaine un peu déjantée et sa fascination pour cette artiste la pousse à sortir de sa gentille vie pour se comporter avec fantaisie, voire étrangement. C’est ainsi qu’il lui arrive de suivre des inconnus dans la rue, de faire des paris sur les clients qui passent à son guichet … et de se créer sa propre performance en sortant de sa zone de confort.
Je me suis retrouvée en Jeanne, être face à des dilemmes, avoir envie de tout bouleverser puis avoir peur, se dire que l’on regrettera … la vie est faite de choix et le quotidien qui peut sembler étriqué offre finalement un bonheur ordinaire, une infinité de petits rien qui font le sel de la vie, la beauté des jours et qui n’ont pas de prix pour qui prend la peine de bien les regarder.
L’écriture Claudie Gallay est simple, belle et lumineuse. Phrases courtes, descriptions minutieuses, personnages soignés, tout cela contribue au charme et à l’émotion qui se dégagent au fil des pages. Jeanne … je ne sais pas si c’est le prénom, l’ambiance du livre, la maison sans prétention joliment fleurie auprès de la voie ferrée mais toujours est-il que j’ai perpétuellement eu besoin de me ramener vers 2017 tant j’avais l’impression d’être dans les années 1980 et j’ai flotté ainsi, souhaitant que ce livre ne se termine jamais …