La servante écarlate est un roman de 1985 dont, autant être honnête je n’avais jamais entendu parlé. Ce livre, best-seller mondial a été remis au goût du jour par une série TV mais aussi par Donald Trump puisque ce sont les symboles de la robe rouge et de la cornette blanche qu’ont choisis les féministes pour marquer leur mécontentement envers la politique et les idées du nouveau président américain.
Alors, motivée d’une part par la curiosité et d’autre part par Yuko qui nous a proposé une lecture commune, je me suis attelée à la lecture du fameux roman.
Dans cette dystopie (et oui, en plus j’ai appris un nouveau terme et pour ceux qui l’ignorent (rassurez moi, je n’étais pas la seule ?) c’est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur), Margaret Atwood nous plonge dans un monde totalitaire.
Les femmes y sont privées de libertés. Celles des commandants (l’élite de la société) attendent un enfant que les servantes (celles destinées à la procréation) leur donneront (dans les deux sens du terme), d’autres sont nourrices ou tantes (représentantes de l’ordre) alors que les plus mal loties travaillent aux colonies sur des lieux contaminés, vouées à une mort certaine.
Toutes ces femmes sont donc réduites à l’état d’objet et privées de tout ! D’identité, de savoir, d’odeurs, de sensations, de famille, de sentiments, de mémoire ou de passé même au fil des ans, et un nouveau prénom leur est même donné en fonction du commandant auquel elles sont assujetties. Ainsi, les Defred se succèdent dont la narratrice.
Ce livre dans lequel j’ai fort heureusement eu du mal à m’identifier (c’est une chance) m’a fascinée. J’ai ressenti une impression similaire à celle que j’avais eu en lisant « Marche ou crève » de Stephen King (décidemment, Yuko tu m’entraînes hors des sentiers littéraires que j’ai l’habitude de fréquenter), une sorte de perversion malsaine à trouver cela horrible et à avoir sans cesse l’envie de continuer.
C’est un roman à la construction exigeante. Le temps s’emmêle (passé heureux, présent cruel) ajoutant le trouble au désespoir. Peu de dialogues ce qui confère à l’isolement de ces femmes et au côté pesant du livre. Les jours s’enchaînent de façon mécanique pour toutes et le lecteur est pris dans cette spirale, c’est magistral !
Ce n’est pas qu’un pamphlet féministe (les hommes aussi vivent sous la terreur), c’est sans doute un peu de « 1984 » (qu’il faut absolument que je lise), aucune religion en particulier n’est mise en cause (même si on ne peut s’empêcher de relier le voile à la coiffe des servantes ou bien encore le rôle des tantes à celui des mères supérieures dans l’ordre catholique) … c’est surtout une saisissante façon l’alerter contre un système où la loi civile et la loi religieuse se confondraient : un état théocratique pur.
La critique de Yuko est ici …