Chanson douce … ne vous fiez pas au titre de ce livre dont la première phrase est « Le bébé est mort ». Dès le premier chapitre, le décor est planté. Horrible, deux enfants sont morts, tués par Louise, leur nourrice.
Dans un livre Mi-polar, mi-roman, Léila Slimani s’emploie à relater les mois qui ont précédé le drame, à disséquer les faits et à analyser les relations entre les personnages pour nous aider à comprendre les circonstances qui ont mené à ce carnage.
Myriam, avocate a cessé de travailler pour s’occuper de ses enfants Mila et Adam. Elle a mis en veille sa vie de femme, sa vie professionnelle et même sa vie sociale au profit de ces deux enfants qui l’usent. Un jour, elle rencontre un de ses camarades d’études qui lui propose de retravailler avec lui. Avec Paul (son mari) ils embauchent donc Louise qui semble être la nounou parfaite.
L’écriture de Leïla Slimani est brillante. Simple et ciselée, parfaitement efficace. Au fil des pages, l’angoisse s’installe, la menace est oppressante et le malaise s’immisce dans le couple autant que chez le lecteur.
L’auteure évoque la difficulté de mener de front carrière professionnelle et vie de famille mais également avec beaucoup de pudeur la vie des nounous, leurs rencontres dans les parcs alors qu’elles gardent les enfants, le sort de ces femmes, souvent immigrées, sans doute par toujours déclarées, parfois même sans papier. Ces femmes qui rentrent dans l’ombre dès que les parents, sortis du travail reprennent possession de leurs foyers. Certains de ces passages m’ont rappelé le livre de Colombe Schneck sur les femmes de ménages (Soeurs de miséricorde).
J’ai moins aimé le rapport au temps, assez incertain dans le livre, les semaines, les mois ou les jours s’écoulent sans que l’on ait une chronologie bien définie. Et puis, je crois que j’aurais aimé en savoir davantage sur Louise, sur un éventuel procès qui dissèquerait à son tour les événements … mais c’est peut-être tout simplement par frustration d’être arrivée au bout trop vite et sans doute le parti pris de l’auteur de garder un certain recul et une neutralité rapport à ses personnages.
Voilà un livre percutant et très perturbant !