
Je l’ai déjà écrit ici, je suis une inconditionnelle de Depardieu. Certes un peu moins fan de ses récents écarts mais ils vont de pair avec le personnage entier que j’ai tant aimé adolescente (oui, j’assume avoir été une vraie groupie !!!).
Je crois avoir vu tous ses films avant de lâcher l’affaire à la fin des années 1990 et surtout avoir collectionné tous les articles de presses inimaginables (de Paris Mach à Première en passant par Libé, le moindre entrefilet justifiat l’achat de la presse) depuis mes 14 ans.
Bref, je n’ai rien appris ou presque à la lecture de ce livre dans lequel il se confie sans fard mais j’ai re-balayé sa vie et mon adolescence avec beaucoup d’émotion puisque j’ai retrouvé dans ce livre LE Gérard Depardieu qui m’a tant fait rêver, par lui même ou à travers les personnages qu’il a incarné.
Mais revenons en au livre. Gérard Depardieu y raconte son enfance : horrible. Il n’est pas un enfant désiré, il raconte les accouchements de sa mère, les errances de son père, sa grand-mère dame pipi à Roissy, les aiguilles à tricoter mais il y a quand même beaucoup d’amour dans ces pages.
Il raconte ensuite l’école (ou l’abandon par l’école), la religion (parlons de la charité chrétienne …), ses camarades et surtout comment le fait d’être livré à lui même a été son école de la vie : « La rue ne te laisse rien passer, tu dois croire en ta bonne étoile, ne compter que sur toi-même ».
Il y a ensuite sa rencontre avec les GI basés à Châteauroux, ou comment il apprend les affaires qui lui permettront de venir en aide à sa famille et à ses amis.
Et puis il y a la famille de son ami, les Brossard, bourgeois cultivés qui l’accueilleront sans préjugé et feront fi de sa différence et enfin, le début de sa fabuleuse aventure avec le théâtre et le cinéma grâce à son ami Michel qui l’héberge à Paris. Nous sommes en 1966 et il rencontre Laurent Cochet qui est le premier à croire en cet homme à la fois si fragile et tellement instinctif … un visionnaire ! Vient ensuite toute une série de rencontres et de mains tendues qui feront de lui le Gérard Depardieu que l’on connaît, boulimique de lecture et de culture .
Dans la seconde partie du livre, il revient sur son rôle de père et ce sont sans doute les pages les plus émouvantes du livre. Il y a une véritable connivence entre Lionel Duroy et Gérard Depardieu, les mots flottent sur les pages comme ils me résonnent aux oreilles. C’est beau, spontané et authentique, sans artifice ni pathos.
Les dernières pages apportent même des explications aux provocations auxquelles il nous a habitué ces derniers temps. Gérard Depardieu est un homme entier sans aucun doute. Il partage beaucoup dans ce livre, il dit tout et même l’indicible … et c’est sans doute pour ça que je l’aime !
(extrait page 65, au sujet de la pièce de théâtre Andromaque)
« Je me rapelle mon éblouissement en entrant dans la musique du texte, le même éblouissement qui m’avait emporté en écoutant le Don Juan de Molière trois ou quatre ans plus tôt. Je ne comprends rien à l’histoire, aux personnages, il me manque toutes les références, je suis un voyageur sans bagages, mais je saisis dans l’instant la beauté des notes et je n’ai qu’à lire les vers pour les retenirs ».
(extrait page 105 sur son rapport au cinéma au moment du tournage de 1900 alors qu’il réclamme le même cachet que Robert De Niro déjà célèbre)
« Moi, je rêve de survivre. Je fais acteur pour sortir de l’analphabétisme, j’aurais aussi bien pu faire autre chose, ça m’est tombé dessus par hasard, j’ai rien choisi. Je n’ai rien, il faut bien que je me bouge le cul …. »
(Extrait page 130 au sujet de son rôle de Danton (J’ai vu le film pas moins de 15 fois …))
« Si Danton fut un grand révolutionnaire, c’est évidemment parce qu’il était capable de tels actes d’amour, à la fois fous, complèetment irrationnels mais sublimes. J’aime cet homme aussitôt parce que je me retrouve en lui. C’est la révolution, plus rien ne tient, tout peut survenir, la seule chose dont on soitr certain c’est qu’on peut être appelé à mourir d’une minute à l’autre. …c’est ça mon élan profond : ne pas savoir ce qui va arriver, ce que je vais faire ou dire, mais marcher vers l’inconnu avec cet appétit de vie qui chaque instant me porte. Alors oui, je veux être Danton ».