Le sport des rois (C.E. Morgan)

Si vous aimez les sagas familiales au long court, les histoires de chevaux (ou plutôt de riches propriétaires de chevaux), les Etats-Unis, les grands espaces, les épopées Sudistes  … « Le sport des rois » est fait pour vous !

Ce roman de C.E. Morgan est une cavalcade au long court qui se mérite. La lecture en a parfois été ardue tant les tableaux sont fourmillants de détails mais qu’est-ce que c’est bon de se plonger dans un livre, de s’accrocher, d’y rester un moment et de se dire que ce livre là, on ne l’oubliera pas !

« Le Sport des rois » commence au milieu du XVIIIème siècle et la vie des ancêtres d’Henry Forge est balayée à la vitesse d’un galop effréné. Cela fait limite peur mais chaussez bien vos étriers et ne lâchez rien car par la suite le rythme se calme et c’est sur trois générations que nous suivons cette riche famille de propriétaires terriens du Kentucky englués dans une tradition familiale oppressante, un monde où les enfants n’ont pas d’enfance ou alors guidée par les convictions parentales : l’obsession de la perfection incarnée par la supériorité raciale de l’ancêtre Simon Forge. Sur fond de théorie de Darwin, il est beaucoup question d’eugénisme … autant équine qu’humaine.

C’est l’envers du décor du rêve américain : le conflit Nord-Sud, l’esclavage et les relents de racisme dans l’Amérique du siècle dernier … et même du notre.

Le livre est construit sur deux tableaux : Henry Forge et sa fille Henrietta (une fille, un accident dans une lignée si parfaite) et Allmon Shaughnessy issu lui d’une lignée d’esclaves noirs (mais de sang mêlé) ! Je ne vous en dit pas davantage mais le destin broiera sans ménagement les uns et les autres.

C’est un livre ambitieux d’une richesse inouïe, un grand moment de littérature ! Au fil des pages, on pense libération des femmes, des noirs … et des enfants ! Certes c’est parfois un peu long et touffu mais c’est aussi romanesque et flamboyant !

Le Sport des rois
C.E. Morgan
Editions Gallimard, 656 pages.

Extraits :
« C’était une chose étrange de contempler chez son propre enfant le spectacle de l’achèvement de ce que vous n’aviez jamais pu  qu’esquisser, cette indifférence régalienne »

« Elle pensa aux pinsons …, aux kiwis en cage; aux bernaches à tête d’épingles …; et elle pensa au dernier minuscule pigeon voyageur, à son fardeau inconnu, à cette mort dans une servitude bizarre. Puis elle finit par penser à elle-même. Quel était son souhait dans ce monde répliqué à l’infini ? Elle comprit alors qu’il n’y avait pas de devoir, que des choix, et le choix était le plus lourd des fardeaux. le devoir c’était bon pour les prêtres et autres idiots. »

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